La Semaine de la Mobilité Durable et du Climat, organisée par l’Association CODATU, le CETUD et l’Association Climate Chance, a eu lieu du 3 au 7 octobre 2022 à Dakar, au Sénégal. WRI Africa, en partenariat avec l’Agence Française de Développement (AFD) et avec le soutien des partenaires de DT4A, a organisé trois sessions pour souligner le travail effectué dans le cadre de l’initiative Digital Transport for Africa (DT4A).
Le partage et la mobilisation de données ouvertes et normalisées sur les transports publics pour tous les modes, y compris la marche, le vélo et les transports artisanaux ou « informels », constituent ainsi un instrument fondamental pour améliorer la planification des investissements publics, les modalités d’exploitation et plus globalement la transparence et la redevabilité de l’ensemble du secteur. L’objectif est de créer des communautés de pratique autour des données ouvertes et de promouvoir les données de transport standardisées comme la Spécification Générale des Flux de Transit (GTFS). Les villes africaines, les entreprises privées et les sociétés civiles ont montré une volonté accrue de faire usage des nouvelles technologies et des données pour les systèmes de transports intégrés. Cependant, ces efforts restent encore à un stade précoce. D’une part, de nombreuses entreprises privées travaillant dans le secteur de la cartographie dépendent essentiellement de fonds provenant des universités, des organisations internationales et des banques de développement, alors même que ces entreprises cherchent à expérimenter et à développer des modèles économiques durables. D’autre part, la plupart des villes africaines ne disposent toujours pas des moyens financiers et techniques nécessaires pour mettre en place une infrastructure numérique permettant de conserver, de maintenir et de mettre à jour des données ouvertes sur les transports publics.
La session a permis de mettre en évidence les possibilités offertes par l’ouverture et la standardisation des données de transports auprès des acteurs africains. Cela a été fait à travers plusieurs cas d’utilisation – sur la dimension théorique formalisée par l’approche DigitalTransport4Africa, des exemples inspirants tels que as Transport for Cairo (TfC) et Data.Transport, suivi d’un débat avec les autorités de transports, les acteurs du secteur privés et les organisations sans but lucratif, y compris l’Autorité de la Mobilité urbaine dans le Grand Abidjan (AMUGA) et Conseil Exécutif des Transports Urbains de Dakar (CETUD) qui a permis d’explorer les opportunités et les défis de la digitalisation des transports en Afrique en mettant en perspective l’approche des autorités et acteurs du transport afin de susciter l’adhésion.
Ce fut une grande opportunité pour ces deux institutions publiques importantes – AMUGA et CETUD de présenter leur rôle et démarche vis-à-vis de la mobilité durable et de l’innovation à une audience plus large et pour échanger des bonnes pratiques qui pourraient être adoptées par d’autres villes africaines. L’AMUGA a présenté ses ambitions concernant le lancement d’une application voyageurs « mon trajet » visant à permettre aux usagers des transports publics de choisir leur mode de transport, et à garantir ces entreprises de transport compétitives, afin de leur permettre de pouvoir relever les défis du futur comme la maîtrise des technologies dans le secteur du transport. Parallèlement, le CETUD a expliqué sa stratégie en matière de données de transport, visant la standardisation des données de transit « open data » dans le cadre de la mise en œuvre de l’information voyageurs.
À la fin de la session, les échanges et la discussion ont abouti à un accord visant à maintenir et à plaider pour un accord de déclaration d’engagement dans le cadre du projet DT4A pour la mise à disposition de données standardisées et ouvertes de mobilité urbaine pour les villes Africaines.
Le démarrage de véhicules électriques (VE) dans les villes africaines est en cours, même si l’accent est plus souvent mis sur l’électrification des véhicules privés, des motos et des transports de masse comme le Bus Rapid Transit. On constate beaucoup moins de progrès en ce qui concerne les minibus de transport artisanal, bien qu’ils fassent partie intégrante des transports publics en Afrique. Les services de transport artisanal sont indispensables pour permettre aux habitants des villes africaines d’accéder à des opportunités telles que les emplois, les centres d’éducation et d’autres commodités. De plus, les moyens de subsistance de tous ceux qui travaillent comme opérateurs, chauffeurs, conducteurs et personnels chargés de la maintenance dans ce secteur dépendent de ce système. Ainsi, l’électrification des minibus ne peut être considérée uniquement comme une solution technologique, mais plutôt comme un processus complexe qui peut transformer l’écosystème du transport artisanal ainsi que le cadre urbain des villes africaines. Pour que cette transition soit équitable, juste et écologique, il est nécessaire de résoudre les problèmes fondamentaux tels que les problèmes de données. Parallèlement, il faut reconnaître que l’électrification du transport artisanal n’est qu’une pièce d’un ensemble plus vaste, celui des programmes de mobilité durable.
La session a abordé les paysages émergents de l’électrification des transports dans les villes africaines, en mettant l’accent sur l’électrification du transport informel/artisanal ainsi que sur le rôle des données dans ce processus. Les chercheurs experts invités dans ce domaine ont présenté leur compréhension des défis et des opportunités dans ce secteur, un aperçu des projets d’électrification à travers l’Afrique et une vue d’ensemble des projets d’électrification des transports publics dans le Western Cape, en Afrique du Sud, ainsi que le type de données qui seraient générées/besoins pour ces projets (par exemple, la capacité du réseau, la durée de chargement, les caractéristiques d’exploitation, les acteurs, etc.) Une table ronde, à laquelle ont participé des intervenants remarquables issus d’institutions universitaires comme le like LVMT, Paris et Stellenbosch University, ainsi que des organismes sans but lucratif comme le WRI, CODATU et TUMI, a permis d’explorer à fond les politiques clés pour la transition dans un contexte africain. En fin de compte, l’objectif de la session était de stimuler le dialogue sur les possibilités de collaboration en matière de recherche et de pratique au sein du vaste consortium DT4A afin de compléter ses efforts en matière de données ouvertes et de cartographie des transports publics.
À la fin de la session, les réflexions et les échanges ont mis en évidence l’importance de rendre les données sur le transport informel disponibles et d’informer les décideurs politiques des données nécessaires pour favoriser une planification adéquate en faveur de l’électrification. En outre, il a été souligné que les données de base sur les systèmes de transport informel devraient être établies en considérant tous les écosystèmes autour, y compris l’industrie de la boda boda (motos), qui constitue un mode de transport très populaire dans la plupart des villes africaines, incluant également les femmes et leurs besoins de mobilité, en se concentrant sur la dimension de données de transit, les analyses approfondies, les études techniques, la transition énergétique, etc. afin de définir correctement ce qui est réellement nécessaire pour le continent africain avant de se lancer dans le projet d’électrification afin d’éviter tout risque possible qui pourrait faire reculer le continent africain vers l’électrification et la mobilité durable dans son ensemble.
La numérisation des routes de transport en commun et leur mise à disposition dans un format normalisé tel que le General Transit Feed Specification (GTFS) offre un énorme potentiel pour combler les lacunes existantes dans l’amélioration de la circulation urbaine globale en Afrique en facilitant l’accès aux données sur le transport en commun et les infrastructures pour la communauté. Des efforts constants de collecte et de traitement des données nécessitent des ressources importantes. Il est important de soutenir les solutions nouvelles et créatives qui émergent dans le paysage de la mobilité numérique en Afrique. Pour cela, une approche possible est de proposer un programme de concours offrant un appui technique et financier aux startups, aux institutions académiques et aux organisations privées dont les initiatives contribuent au mouvement en faveur de l’ouverture des données et innovations liées au transport public à travers la région africaine.
En décembre 2021, le projet DigitalTransport4Africa (DT4A) a lancé le Défi Innovation DT4A, un projet pilote visant à répondre aux enjeux liés à la mobilité urbaine grâce à la remise de prix visant de mettre en évidence des initiatives en faveur de la cartographie et de témoigner du succès de ces initiatives sur le continent Africain.
La session a permis de discuter des preuves émergentes présentées par les lauréats du Défi Innovation DT4A, à savoir Addismap, Ewarren, KhartouMap et GoMetro., qui ont partagé les enjeux et les opportunités rencontrées sur le terrain, afin de contribuer à identifier des solutions pratiques pour les transports publics en Afrique. La session a également souligné l’importance de fournir des prix et des subventions financières aux entreprises et aux organisations de la société civile pour leur permettre de démarrer leurs projets afin de prouver leurs impacts. La session a également souligné l’importance de fournir des prix et des subventions aux acteurs de la société civile et aux start-ups pour lancer leurs projets et démontrer leur impact tandis que les entreprises testent et affinent leurs stratégies à long terme et leurs modèles commerciaux.
À la fin de la session, les échanges portaient davantage sur le soutien dont les gouvernements locaux auraient besoin pour mener ou encourager (et continuer à maintenir) les activités de cartographie et d’innovation en cours. Globalement, les lauréats du Défi Innovation DT4A ont insisté sur ces points:
Les gouvernements ont besoin de comprendre la valeur des données ouvertes et des logiciels ouverts.
Materials from the three sessions are available here.