Aujourd’hui, dans le cadre de l’initiative Digital Transport for Africa (DT4A), pilotée par le WRI et ses partenaires et financée par l’Agence française de développement (AFD), ont été sélectionnés quatre gagnants du tout premier Défi Innovation DT4A. Des entreprises privées aux universités et aux ONG, ces initiatives contribuent à faire évoluer le transport vers des résultats plus durables et équitables grâce aux données ouvertes, en particulier dans le secteur du transport artisanal ou informel.
Chaque gagnant du Défi Innovation – des projets basés en Côte d’Ivoire, en Éthiopie, en Afrique du Sud et au Soudan – recevra un prix échelonné de 30 000 dollars. Durant l’année suivante, chaque projet utilisera le soutien de DT4A pour mettre en œuvre de nouvelles activités, aboutissant à des présentations en juin 2023 de leurs progrès et impact.
Aujourd’hui, seules 15 villes africaines ont cartographié leurs réseaux de transports publics et de minibus-taxis et disposent de ces données dans un format standardisé et ouvert. Au moins 105 millions de personnes vivant dans les villes africaines ne disposent pas d’informations fiables sur leurs réseaux de transport en commun. Le manque de données sur les systèmes de transport en commun constitue un obstacle majeur à l’amélioration des transports, en particulier les données sur les trajets, les usagers et les opérateurs. La plupart des villes africaines dépendent d’une forme de transport informel ou semi-formel, dominée par des opérateurs privés fragmentés.
Cartographier les réseaux de transport public des villes peut non seulement améliorer l’expérience des usagers, mais aussi favoriser les écosystèmes et les compétences qui peuvent permettre aux villes africaines de mieux exploiter la révolution des données.
Les quatre gagnants du Défi Innovation DT4A ont été choisis parmi plus de 100 soumissions :
eWarren est une start-up qui propose un système de paiement électronique aux usagers des taxis municipaux « woro-woro » et des pinasses dans la commune de Cocody, à Abidjan.
eWarren prévoit de renforcer les capacités de l’application pour permettre aux usagers de réserver des places, d’accéder à leur information voyageur et de générer des ensembles de données dynamiques sur les transports publics informels au format standard GTFS. Cette information sera mise à disposition de tous les acteurs du transport en open data et tester. Cette base de données voyageur pourrait ainsi être couple au système d’information voyageur de transport formel d’Abidjan pour ainsi créer un réseau de transport hybride ou l’usager pourrait combiner plusieurs modes de transports. eWarren prévoit également d’étendre les paiements électroniques aux services de minibus (Gbaka).
YeneGuzo, par AddisMap, est une application mobile réalisée à partir de l’application open source de Trufi et des données OpenStreetMap avec le Ministère Éthiopien des Transports et Logistiques. YeneGuzo aide à la fois les opérateurs de transport et les usagers à comprendre les différentes options de transport disponibles dans un endroit et à un moment donné. L’application fonctionne dans la langue maternelle Amharique et utilise une interface minimale pour être accessible au plus grand nombre d’usagers possible. De plus, elle est gratuitement distribuée et open source, ce qui permet à quiconque de l’améliorer.
AddisMap prévoit de sensibiliser davantage YeneGuzo et à ses applications de planification des déplacements en incluant plusieurs modes de transport, en menant une campagne massive de collecte et d’édition de données, en élaborant des documents de relations publiques et de formation et en lançant une campagne de communications. Avec plus de 210 routes désignées à travers deux grands services de bus publics, deux lignes de train léger et plus de 500 autres routes informelles de mini-bus-taxi à travers Addis-Abeba, chacune opérant avec ses propres horaires, routes et stations, il est possible de réaliser de significatifs gains en efficacité.
GoMetro prévoit de collecter et de cartographier les données opérationnelles des minibus taxis de Stellenbosch dans le but de développer un modèle de faisabilité économique pour faire passer l’ensemble de la flotte de 80 véhicules au mode électrique. Le minibus taxi représente 84 % des services de transport public et 74 % des déplacements de passagers en Afrique du Sud, mais aucun effort n’a été fait pour réduire les émissions de carbone de la flotte.
Au-delà de la réduction des émissions de carbone, l’électrification des minibus-taxis sud-africains peut apporter des avantages tels que la pureté de l’air, une durée de vie plus longue et une meilleure qualité de service. Mais les études de faisabilité de la transition électrique restent difficiles, voire impossibles, sans données opérationnelles et cartographiques sur l’utilisation quotidienne des minibus taxis.
GoMetro collectera des données opérationnelles sur l’ensemble de la flotte de transport informel de la ville de Stellenbosch afin d’étudier l’opportunité opérationnelle de la transition électromobile des minibus diesel aux minibus électriques.
L’initiative KhartouMap prévoit de cartographier pour la première fois le système de bus semi-formel du Grand Khartoum, où vivent près de 8 millions de personnes. Aucune carte officielle n’est actuellement disponible pour le public. En collaboration avec le gouvernement local et les autorités chargées des transports, l’objectif est de générer à la fois des cartes physiques et des flux de données conformes à la norme GTFS, qui pourront ensuite être intégrés à d’autres services de cartographie.
De plus, KhartouMap a l’intention de mener la plus grande enquête sur la mobilité des ménages du pays, dans le but de recueillir des informations détaillées sur les points d’origine et de destination, les comportements personnels en matière de déplacement et l’accessibilité des transports publics. KhartouMap prévoit également de renforcer la capacité d’innovation par le biais d’ateliers « hackathon » dans les universités locales et avec les communautés entrepreneuriales.