La crise sanitaire du COVID-19 a révélé à quel point l’ouverture des données, pouvant être utilisées et distribuées librement par tout un chacun, est essentielle dans la réappropriation des enjeux de santé et de l’usage de nos villes. Au début de la pandémie, des scientifiques chinois ont publié la séquence du génome de COVID 19 sur GenBank, un dépôt de données en libre accès. En une semaine, les laboratoires chinois ont utilisé ces données pour mettre au point des tests de diagnostic. Selon l’OMS, le partage des données et une collaboration ouverte sont nécessaires pour mettre au point un vaccin. L’ouverture des données renforcent également la transparence, et par extension la confiance du public, et permet aux villes de mettre en œuvre les mesures de distanciation sociale nécessaires à la protection de la santé publique.
La crise sanitaire du COVID-19 a frappé durement les usagers des transports publics. Ces derniers ont connu dans le monde entier une baisse de la fréquentation allant jusqu’à 90%, des pertes de revenus massives et des réductions de services. À Addis-Abeba, en Éthiopie, où près d’un tiers de la population dépend des transports publics, y compris des transports artisanaux, la ville a commandé des bus à demi-capacité pour tenir permettre la distanciation physique. Pour compenser le faible taux de remplissage des bus, les opérateurs ont augmenté les tarifs, ce qui a entraîné une pression financière supplémentaire sur les travailleurs pauvres aux métiers essentiels.
Le dernier rapport de DigitalTransport4Africa (DT4A) pour l’Agence française de développement (AFD) explore la manière dont l’ouverture des données aident à la mise en place de transports publics sûrs, inclusifs et de qualité pour tous. Mais également comment elle permet aux villes de mesurer les progrès accomplis dans la lutte contre le changement climatique et l’atteinte des objectifs de développement durable. Il propose également des solutions pour la reprise des transports publics après la crise dans le but d’augmenter la fréquentation.
L’ouverture des données aident les opérateurs de transport public à réduire les coûts et à encourager l’innovation afin de rendre les transports publics plus accessibles. L’ouverture des données de transport du système londonien Transport for London (TfL) a permis à des tiers entrepreneurs de développer des produits de qualité. TfL a calculé que les applications alimentées par les données sur les bus de TfL apporteront un bénéfice client de 83 millions de livres sterling sur 10 ans, pour un coût pour TfL de seulement 820 000 livres sterling.
En 2012, TfL comptait plus de 5 000 développeurs enregistrés, 362 applications utilisant les données de TfL et touchant 4 millions de personnes, ce qui représente une valeur estimée de 15 à 58 millions de livres sterling en temps gagné par les utilisateurs.
L’ouverture des données dans le secteur du transports public aide également les urbanistes à identifier les lacunes dans la couverture des services de bus et à planifier des solutions de mobilité pour les quartiers enclavés, éloignés de l’accès à l’alimentation, aux soins de santé et aux autres services essentiels.
Bien que l’investissement dans l’ouverture des données soit bénéfique pour la reprise des transports publics après la crise sanitaire du COVID 19 et pour l’atteinte des objectifs du développement durable, de nombreuses régions du monde ne disposent même pas des données les plus élémentaires sur les systèmes de transport public existants ou alors les données sont inaccessibles. La Banque mondiale estime que 35 % des plus grandes villes du monde et 92 % des plus grandes villes à revenu faible ou moyen ne disposent même pas de données complètes sur les transports en commun. Le manque de données handicape la capacité des autorités publiques à planifier et à réglementer les services de transport. Il rend difficile aux usagers de naviguer sur le réseau de bus et aux communautés de pratique et aux entrepreneurs d’innover et d’améliorer le système.
Le manque de données compromet également notre capacité à surveiller et à promouvoir les objectifs de développement durable pour 2030.
Heureusement, pour les villes qui ne disposent pas de données sur les transports en commun, la recherche vaine d’un arrêt de bus en ville pourrait être de l‘histoire ancienne. Qu’il s’agisse d’étudiants utilisant des smartphones équipés de GPS pour cartographier les itinéraires des minibus-taxis, ou l’utilisation des données obtenues pour créer des applications d’information voyageur en open source, ou la conception de nouveaux modèles pour rationaliser le service, les autorités de transport, les universités et les acteurs innovants travaillent de plus en plus ensemble pour améliorer les transports publics pour tous.
Il reste encore beaucoup à faire pour encourager la mise en place et l’entretien d’une solide infrastructure de données ouverte. Dans notre rapport, l’initiative DT4A propose une approche par les communs numériques afin d’accroître la collaboration au sein d’un réseau croissant d’acteurs visant à améliorer les transports publics, à promouvoir la planification intégrée et l’innovation et à susciter un dialogue, une redevabilité et un suivi partagés.
Nos recommandations comprennent:
DT4A et DATUM constituent un réseau mondial de défenseurs des transports publics soucieux des données, pionniers d’une approche par les communs nuériques pour aider à pousser un agenda mondial en faveur des transports en commun durables, plus sûr, plus propre et respectueux de la santé de tous.