Le système des taxis woro woro d’Abidjan.
L’Agence Française de Développement (AFD) est un bailleur de fonds qui finance, via des prêts et/ou subventions, des projets de mobilités durables dans les pays en développement. Son implication au sein de Digital Transport 4 Africa traduit sa conviction que les « nouvelles » technologies de la mobilité représentent un nouveau levier pour la transformation du secteur du transport, en particulier pour le transport artisanal qui représente la grande majorité de l’offre de transport dans les grandes agglomérations africaines.
A l’instar des autres grands bailleurs, l’AFD n’a pas comme mission, ni la force de frappe, ni l’agilité des investisseurs en capital risqué pour le financement des acteurs innovants type start up. L’action de l’AFD s’inscrit traditionnellement dans le temps long des projets d’infrastructures auprès les acteurs publics ou parapublics. L’enjeu pour l’AFD est d’aider les acteurs publics locaux à penser l’action publique à l’ère du numérique. La stratégie s’est notamment orientée par le soutien à la production et l’entretien de « communs numériques ». La première étape est de viser la production de données d’offre de transport considérées comme une « infrastructure » permettant pour la puissance publique de connaître la situation et à des tiers d’apporter de la valeur en faveur de la mobilité durable. La philosophie est aussi de pouvoir participer à l’élaboration d’une connaissance partagée en privilégiant l’ouverture des données et la production d’outils en code ouvert.
Dans ce contexte, l’AFD a coopéré avec le ministre des transports ivoiriens pour un projet de cartographie des transports formels in informels d’Abidjan. Le ministère souhaitait disposer d’une carte actualisée du réseau afin de préparer l’arrivée de plusieurs projets importants dans le prochain Plan de Mobilité Urbaine d’Abidjan, incluant :
L’AFD a aidé à produire des termes de références pour ce projet de cartographie. Ce cahier des charges ont vocation à préciser la demande d’une cartographie des différentes lignes de transport artisanal opérant dans le périmètre de l’agglomération d’Abidjan. Ils s’appuient sur des exercices et expériences récents (Johannesburg, Nairobi, Le Caire, Accra), tout en laissant une marge d’adaptation, selon le contexte où ils seront utilisés. Les produits de sortie sont des jeux de données ouvertes, réutilisables sous la licence OdBL ad hoc mis à disposition sur le centre de ressources DT4A. Les jeux de données attendues par ce cahier des charges suivent la logique d’aller plus loin dans la qualité des données GTFS produites : précision accrue de la localisation des points d’arrêts, des heures de passages et de la fréquence aux différentes heures de la journée, etc. En outre, ces termes de référence impose d’alimenter la plateforme OpenStreetMap (OSM) et encourage l’association avec la communauté OSM locale dans cette démarche. L’objectif sous-jacent est que les communautés locales et la société civile participent via OSM à la mise à jour des données géographiques sur l’offre de transport. C’est aussi un bon moyen de renforcer le dialogue entre la société civile et les autorités.
Un taxi minibus, ou gbaka, à Abidjan. Photo prise par l’auteur.
Afin d’encourager la diffusion de bonnes pratiques et l’élaboration de données de qualité dans les villes africaines, ce cahier des charges a ensuite été élargi à une version « type » pouvant s’appliquer à chaque grande agglomération africaine. Ils constituent un outil réutilisable et adaptable à disposition des autorités locales de transport. En les utilisant, ils peuvent mandater des prestataires en charge de la génération et du traitement de données de transport urbain dans les grandes villes africaines, qui viendront enrichir les communs numériques. La communauté DT4A est également à disposition pour tout partage d’expérience ou d’information.
Antoine Chevre est chargé de projet de transport au sein de la division mobilité de l’Agence Française de Développement (AFD). Depuis qu’il a rejoint l’AFD en 2016, il s’occupe notamment de la mise en place d’une stratégie numérique en lien avec les problématiques de mobilité.En novembre 2017, il a organisé, avec de nombreux partenaires tels qu’Accra Mobility, OpenStreetMap et Digital Matatus l’évènement Vers une plateforme de données numérique collaborative et ouverte pour améliorer le transport public urbain en Afrique et le workshop Digital Transport for Africa – Un centre de ressources ouvert pour améliorer la mobilité urbaine en novembre 2018.
Il a écrit ces termes de référence avec Tom Leroy et Pauline Baraban, deux stagiaires AFD travaillant sur la stratégie « transport et numérique »